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8 - Les charbonnières

charbonnieresA quoi peuvent bien servir ces plateformes élargies en bord de chemin ? Certainement pas pour se garer, ni même pour faciliter le croisement de véhicules ! Non, sur ces plateformes, les rutissons produisaient, il y a bien longtemps, du charbon de bois, beaucoup de charbon de bois. Pour quoi faire ? Surtout pour alimenter la forge qui se trouve plus bas dans le village, dans la combe de l’Alloix. Et savez-vous comment se fabrique le charbon de bois ? En faisant « presque » bruler du bois … mais pas tout à fait. Comment procède-t-on ? Dans la région, on utilisait surtout deux techniques : la meule ou le chaudron.

Le chaudron est la technique la plus simple à comprendre mais la plus couteuse à mettre en œuvre : elle consiste tout simplement à remplir de bois un énorme chaudron, à le couvrir et à le faire chauffer longtemps et lentement. On trouve encore de tels chaudrons plus loin dans la vallée.

La meule ne nécessite pas de posséder un lourd et couteux équipement, mais est plus longue et complexe à mettre en œuvre : on découpe le bois en bûche d’une trentaine de centimètres qu’on dispose en forme de faisceau, un peu comme un tipi indien. Ensuite, on l’enterre sous une couche de mousse, d’herbe et de terre argileuse qui laisse passer un tout petit peu d’air, mais pas trop. Et on recommence : un tipi de bois, recouvert d’une couche de mousse, d’herbe et de terre argileuse, et ainsi de suite. Quand la meule est finie, on met le feu au bois à travers une petite cheminée aménagée exprès pour et on surveille. Ainsi, le bois se consume très lentement, pendant des jours voire des semaines, faisant disparaitre dans un premier temps tout ce qui n’est pas du carbone. Il faut surveiller cette combustion lente qu’on appelle pyrolyse, comme on surveille une casserole sur le feu, car il arrive un moment où le bois enterré s’est transformé en charbon, qui se consumerait à son tour si on le laissait faire. A ce moment, on stoppe la combustion (avec du sable par exemple) et on récupère le charbon.

Oui, c’était un sale travail, pénible salissant, étouffant, nécessaire et mal reconnu.

Sur ce, je vous laisse : puisque nous quittons les zones sauvages, je vous confie à Ruty.