Une rue qui fait référence à un port, en pleine vallée, au pied des montagnes ? Eh oui, et ce port avait même une très grande importance il n’y a pas si longtemps, dans l’activité de cette vallée industrieuse qui est la nôtre.
Imaginez la chaine de production : le minerai de fer était extrait à Allevard, puis acheminé jusqu’au Cheylas où il était chargé sur un bac pour traverser l’Isère. Du port de Sainte Marie d’Alloix, il était acheminé jusqu’à la maison des forges, à Saint Vincent de Mercuze. En parallèle, le bois était exploité à la Flachère et transformé en charbon de bois sur toute cette rive, charbon qui était lui aussi acheminé jusqu’à la maison des forges. Là, le minerai était fondu et coulé en lingots qui étaient reconduits à Sainte Marie d’Alloix, pour y embarquer à destination des fonderies de Saint Gervais, au-delà de Grenoble. Une sacrée fourmilière que notre vallée !
Allez, encore une question piège : quand on parle du chemin de l’empereur, à quel empereur est-il fait référence et pourquoi parler de son chemin ? La réponse que vous entendrez le plus souvent est : c’est une référence à Napoléon qui est passé par ici lors de sa remontée depuis l’île d’Elbe. Mais je vous rappelle que c’est une question piège : il ne faut pas confondre la route Napoléon (qui passe plus à l’ouest, du côté d’Uriage) et le chemin de l’empereur, qui lui est attribué à l’empereur Aurélien. Cet illustre empereur romain affectionnait en effet notre région, et tenait en particulier à relier par une voie convenable les deux cités de Cularo (Grenoble / Gratianopolis) et Lemincum (Chambery) en passant par ce que l’on appelait « le champ d’Aurélien » et qui serait devenu Chapareillan. La voie de communication principale était ce chemin de l’empereur, doublé par précaution de la voie romaine que vous avez croisée plus haut. Pourquoi deux voies presque parallèles ? Parce que celle du bas, la plus commode et la plus fréquentée, était parfois rendue impraticable par les crues de l’Isère. D‘ailleurs, l’origine du nom « Mercuze » ferait référence à une expression latine (malcusa) signifiant « mauvais chemin » ou « chemin de traverse » : l’endroit où vous risquez d’avoir à quitter le chemin de l’empereur pour contourner les inondations par un chemin escarpé et peu pratique. Mais sec.
A propos d’humidité : les romains avaient équipé ce lieu de thermes, dont on suppose l’emplacement sous la maison Sainte Marie.
Bon, sur ce, je vous laisse remonter vers Saint Vincent. Je vous y retrouverai pour vous présenter le pont de la batteuse qui enjambe l’Alloix.